13 juillet 2007
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Nom MARCEL BARBEAULT
Surnom : Le Tueur de l’Ombre
Né le : 10.08.1941 à Liancourt
Mort le : encore en vie
Tueur en série Français
PREAMBULE
Mari et père modèle, Marcel Barbeault est un tueur à la personnalité surprenante. Dans la région de Nogent-sur-Oise, durant sept années, au lever du jour, il a parcouru les rues pour tuer des femmes. Il en a abattu sept, ainsi qu’un homme. Il utilisait une arme à feu, fait assez rare chez les tueurs en série. Il a été condamné pour cinq des sept meurtres, mais n’a jamais rien avoué.
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La vie familiale de Marcel BARBEAULT
Père | Cheminot (SNCF) |
Mère | Femme au Foyer qui décède en 1968 (il a alors 27 ans) d’un cancer du sein. |
Frères et Sœurs | 2 Frères dont 1 qui décède d’un accident de route en 1971 et l’autre qui se suicide en 1974 en se jetant sous un train. |
Scolarité | Quitte l’école très tôt après avoir loupé son certificat d’études primaires. |
Service Militaire | Le 13 décembre 1960, il s’engage dans l’armée pour partir en Algérie. Il désire s’engager aux côtés des parachutistes mais découvre être atteint de vertiges. Il exerce donc en tant que brancardier. Le 19 décembre 1962, il décoré de la « Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre en Afrique du Nord » et de la « Croix de la valeur militaire ». A son retour en France, il veut entrer dans la gendarmerie mais n’est pas retenu après la première sélection. |
Vie professionnelle | En 1972, il est embauché à l’usine Saint-Gobain de Rantigny, dans le bassin industriel de Creil. |
Vie maritale | Marié, il est père de deux enfants. |
L’homme
Le 03 septembre 1974 : Il est interpellé en flagrant délit par les gendarmes. Il récupérait le magot d’un cambriolage. Il reconnaît qu’il n’est pas à son coup d’essai. Les enquêteurs perquisitionnent son domicile et sont étonnés des sommes volées par Barbeault. Il explique que s’il vole c’est pour pouvoir emmener sa famille en vacances. Jugé, il est condamné à un mois d’emprisonnement à la maison d’arrêt d’Amiens. A sa sortie, son épouse veut se séparer mais par amour pour ses deux fils elle décide de lui laisser une dernière chance.
Les victimes
10.01.1969 | Françoise L, épouse d’un ingénieur de l’usine Saint-Gobain, cuisine dans sa maison située près de la voie de chemin de fer. Soudain, Elle ressent une effroyable douleur à l’épaule, puis s’écroule. Elle est blessée par une balle de carabine, tirée à travers la fenêtre de sa maison. Elle n’est que légèrement touchée mais n’a pas pu identifier le tireur. Les policiers pensent à une menace envers le mari car il est l’un des cadres dirigeants de la société Saint-Gobain, qui négocie à cette époque le rachat d’une entreprise de la région. |
14.01.1969 | Michèle L, 17 ans, rentre au domicile familial, lorsqu’elle entend une détonation. Elle est blessée au ventre mais sa vie n’est pas en danger. La vitime n’a pas eu le temps de voir son agresseur car la nuit est tombée. Les enquêteurs font un lien entre les deux affaires, la presse locale surnomme l’agresseur le « tueur de l’ombre ». |
23.01.1969 | Thérèse A, âgée de 49 ans, rentre chez elle quand soudainement elle est attaquée par un homme qui l’assomme avant de lui tirer une balle de calibre 5.5 dans la nuque. Le lendemain, un badaud découvre le cadavre dissimulé le long de la voie ferrée. |
16.11.1969 | Le 16 novembre 1969, Barbeault, le visage dissimulé sous un foulard et vêtu un ciré marron pénètre dans une maison isolée, dans la rue Faidherbe. Il pointe une carabine sous les yeux de Suzanne M, 44 ans, et de sa fille. Il les amène à la ligne de chemin de fer toute proche puis les sépare. La mère est ligotée puis il la tue d’une balle dans la tempe. Effrayée, sa fille s’échappe. Au commissariat de Creil, elle décrit avec précision le meurtrier de sa mère : un homme grand avec des yeux sournois. La police rapproche les quatre agressions. Les médias presse envoient leurs journalistes à Nogent-sur-Oise. Le « tueur de l’ombre » fait les gros titres des journaux. La peur hante s’installe à Nogent-sur-Oise. Pourtant, pendant trois ans, le « tueur de l’ombre » reste silencieux.. |
06.02.1973 | Annick D, 29 ans, ouvreuse de cinéma, est retrouvée à moitié nue à quelques mètres du centre ville de Nogent. Le meurtrier l’a assommée à la tête, avant de tirer une balle de 22 long rifle dans la nuque. |
28.05.1973 | Les cadavres Eugène S, 25 ans, et Mauricette V, une ouvrière de 23 ans, sont découverts à l’aube. A l’avant, l’homme repose dans une mare de sang et le corps de la jeune femme gît à quelques mètres du véhicule. |
08.01.1974 | Josette R, une employée de banque de 29 ans, est retrouvée morte à son domicile de Nogent-sur-Oise. Le tueur a pénétré chez elle en escaladant les balcons de la résidence. Il l’a assommé puis tiré deux balles de calibre 5.5 dans la tempe. Le corps de la jeune femme est découvert à demi nue trois jours plus tard par des voisins inquiets de son silence. |
24.11.1975 | Julia G. le jardinier municipal découvre le cadavre de la jeune femme qui est dévêtue des genoux à la poitrine. (elle prenait tous les matins le train de 6h09 pour aller au travail et passait par le jardin public où elle a été découverte. |
06.01.1976 | Françoise J, une jeune femme brune de 21 ans, secrétaire administrative à EDF, vient de quitter son domicile quand un homme se précipite sur elle et la tabasse à coup de matraque derrière la tête. Il la poignarde avec violence à la poitrine puis braque le canon d’une carabine 22 long rifle sur la tempe de la jeune femme et tire. Ensuite, il dénude Françoise J des genoux à la poitrine en lui arrachant ses bas et fait glisser son slip sur ses chevilles. |
L’enquête
En septembre 1974, l’inspecteur divisionnaire Daniel Neveu, muté à Creil, se voit confier l’affaire. Avec rigueur et persistance, il construit une analyse. Depuis le début de l’affaire, 250 gendarmes et 50 inspecteurs sont mobilisés en permanence dans la région. Auditions par centaines, fouilles systématiques, recherches minutieuses, aucune piste n’est écartée. Les indices sont peu nombreux : un cheveu brun, une empreinte de botte de pointure 42, quelques douilles de balles de carabines, une cordelette, et le témoignage de Micheline M, qui a entrevu le tueur.
Les experts psychiatres tentent d’analyser la personnalité du tueur. Selon leurs études, il s’agirait d’un homme solitaire ayant des problèmes de sexualité. Les études balistiques démontrent que le tueur ne se sert pas toujours de la même arme. Daniel Neveu remarque les crimes sans mobile apparent sont accomplis selon un rituel : la nuit, dans le froid, un coup de matraque, puis un coup de feu (et, pour le meurtre de Josette R, l’utilisation d’un couteau dans un but sexuel).
La découverte le 27.11.1975 du corps de Julia G. est déterminante pour l’enquête. Le commissaire Christian Jacob reçoit un témoin oculaire du meurtre. Ce dernier a vu, vers 5h45, dans le parc, un homme immobile caché dans des arbres. Il est vêtu de sombre, il est grand avec des cheveux noirs et son regard glacial.
Mi décembre 1976, Le commissaire Jacob a reçu un appel anonyme lui précisant que le meurtrier est un ancien ouvrier des Etablissements Rivière à Creil, qu’il s’était engagé pour la guerre en Algérie et qu’il était amateur de boxe. Il précise que l’individu est marié et qu’il ne possède par le permis de conduire.
Daniel Neveu ( inspecteur) qui avait déjà établi une liste de 150 suspects rajoute six noms après l’appel anonyme.
L’inspecteur reprend alors le dossier du double meurtre de Laigneville.
Ce qui l’étonne c’est que ce meurtre ne correspond pas aux autres, car le meurtrier n’avait jusque là jamais tué d’homme. Il pense que le meurtre s’est passé à proximité d’un lieu familier pour le tueur pour qu’il ait pris autant de liberté.
L’Inspecteur N se souvient alors que les jours précédents le double meurtre, est retrouvé à côté d’un robinet d’eau du cimetière de Laigneville, une balle de 22 long rifle. Cette balle est peut être tombée de la poche du tueur. L’assassin doit donc se rendre fréquemment sur la tombe d’un proche.
Neveu fait dresser une nouvelle liste, 2 500 personnes sont susceptibles de venir se recueillir sur l’une des 650 tombes de Laigneville.
Le suspect numéro 5 s’appelle Marcel BARBEAULT.
Le 14 décembre 1976, une perquisition est ordonnée à son domicile mais aucun élément probant n’est trouvé dans son appartement. Mais dans la cave, les enquêteurs découvrent, dissimulés derrière une porte, une carabine 22 long rifle de marque Gekado, un poignard de commando, une matraque et un ciré de pêcheur.
Lorsque les policiers amènent Barbeault à l’inspecteur Neveu, ce dernier est interloqué par la ressemblance entre cet homme d’1m82 et le portrait-robot du « tueur de l’ombre ». Durant l’interrogatoire, Barbeault nie toutes les accusations portées contre lui. Cependant la ressemblance physique, la carabine 22 long rifle et le poignard de parachutiste trouvé dans sa cave,sont autant d’indices contre lui. Mais Barbeault se défend en expliquant que la carabine et le ciré il les a retrouvé au cimetière.
L’instruction
Le 16 décembre 1976, il est présenté au tribunal de Senlis, devant Marie Brossy-Patin, juge d’instruction chargée de l’affaire. Elle a analysé les conclusions du rapport balistique de la carabine de marque Gekado saisie dans la cave du prévenu. Les conclusions de la police scientifique ne permettent plus aucun doute, c’est bien cette carabine 22 long rifle, au canon et à la crosse sciée, qui a tuée Françoise J, le 6 janvier 1976.
Marcel Barbeault reconnaît être un voleur mais pas un tueur. Mais tous les objets saisis chez lui, le désignent comme le tueur de l’ombre: un poignard de parachutiste, un tuyau qui a pu être utilisé comme une matraque, et un ciré de pêcheur. Le vêtement correspond à la description qu’en a faite Micheline M. Elle reconnaît aussi formellement la silhouette de Barbeault. En s’appuyant sur ces preuves matérielles et les témoignages, la juge d’instruction inculpe Barbeault pour le meurtre de Françoise J.
Le 21 décembre 1976, La juge lui demande les raisons qui le poussent à fréquenter régulièrement les cimetières de la région. Il explique que son grand-père ne peut plus se déplacer seul pour entretenir les tombes des membres de la famille c’est pourquoi il l’a enjoint de le faire à sa place.
La balistique a découvert que l’arme qui a tué Françoise J a également tué Julia G. Ces conclusions sont sans effet sur les positions de Marcel Barbeault qui explique avoir trouvé la carabine. Il est inculpé pour un second meurtre, celui de Julia G.
Un an après son incarcération, l’enquête piétine mais une nouvelle découverte fait basculer le destin de Barbeault. Lors d’un cambriolage commis en 1970 au domicile de M. L, une autre carabine 22 long rifle, de marque Reina, a disparu. L’analyse comparative réalisée prouve que ces projectiles sont ceux qui ont tué Eugène S, Mauricette V, ainsi que Josette R. Le 16 décembre 1977, lorsque Mme Brossy-Patin lui fait part de ces trois nouvelles inculpations, il nie avec la même énergie.
Après cinq années d’instruction, Marie Brossy-Patin transmet à la chambre des mises en accusation d’Amiens le dossier du « tueur de l’ombre ».
Mais sur les huit meurtres, seuls cinq sont attribués à Barbeault. Faute de preuves matérielles tangibles, les trois premiers meurtres commis à Nogent, (Thérèse A, Suzanne M et Annick D) ne sont donc pas officiellement élucidés.
Le jugement
Le lundi 25 mai 1981, s’ouvre le procès de Marcel Barbeault devant la cour d’assises de Beauvais (Oise). Il risque la peine capitale. Bien qu’il ait toujours nié être le « tueur de l’ombre », Barbeault a du répondre des meurtres de Mauricette Van Hyfte, d’Eugène Stephan, de Josette Routier, de Julia Gonçalves et de Françoise Jakubowska.
Barbeault avait presque l’air étonné de se retrouver dans cette salle d’audience. Il semblait calme, mais l’agitation continuelle de ses doigts trahissait une grande nervosité. Barbeault avait peur de ses juges, de ces femmes tirées au sort pour constituer le jury populaire, qui allait se prononcer sur sa culpabilité. Son avocat en avait récusé cinq, l’avocat général presque autant. Mais le hasard du tirage au sort était têtu. Parmi les neuf membres de jury, trois femmes brunes siégeaient aux côtés des autres jurés.Au total, pas moins de 75 témoins et 17 experts furent entendus pendant ce procès.
Après la lecture des actes d’accusation, le président Blin voulu en savoir plus sur la vie de Barbeault et lui demanda : "Etiez-vous à côté de votre mère le jour de sa mort ?". "Oui", répondit tristement Barbeault, "j’étais là, je l’ai vue mourir". L’accusé adorait sa mère et la série de meurtres avait débuté au lendemain de la mort de celle-ci.
Marcel Barbeault relata ensuite les autres décès survenus dans sa famille : l’accident de voiture de son frère Jean-Louis en 1971 et le suicide de Roger, son autre frère, en 1974.
Il raconta sa rencontre avec Josiane, qui allait devenir son épouse, et qu’il aimait tellement.
Le 10 juin 1981, l’avocat général fait un réquisitoire de quatre heures et demi, au terme duquel il demande la peine de mort.
L’avocat de la défense rappelle à la cour que son client nie être l’auteur des meurtres et que les preuves matérielles sont fragiles et insuffisantes. Après six heures de délibéré, Barbeault est reconnu coupable de seize cambriolages, deux meurtres et trois assassinats. Mais le jury lui reconnaît des circonstances atténuantes et le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité.
Citation des psychiatres dans leur rapport sur le « Tueur de l’Ombre »
« Il s’agit d'un sujet morbide, sadique, éprouvant l‘irrésistible besoin d’une domination brutale et criminelle, compensatoire à son impuissance »
Ils conclurent tous qu’il était intelligent et qu’il n’était pas un malade mental. Un être renfermé, un peu fruste, avec des tendances morbides, certes, mais dont l’état n’avait rien de pathologique. Un homme normal.
Autre citation d’un psychiatre
« Barbeault est normal, banal même. S’il était venu me consulter, je lui aurais conseillé de prendre un peu l’air et non pas de se faire traiter » : Jean-René Lavoine, médecin psychiatre.