Nom Joseph VACHER
Surnom : L’autre JACK L’EVENTREUR
Né le : 16 novembre 1869
Mort le : 28 octobre 1898 Condamné à mort « Guillotiné »
Tueur en série Français
Ancien aliéné errant en liberté, il a entendu parler des « exploits de Jack l’Eventreur ».
Il décide alors d’imiter son modèle, ce qu’il parvient à faire durant trois années, sans qu’il soit possible de déterminer s’il a ou non conscience de la gravité de ses actes.
La vie familiale de Joseph VACHER
Père et Mère | Famille de Paysans |
Frères et Sœurs | Joseph VACHER a 15 frères et sœurs. Il est le quatorzième enfant.(4 enfants d’un premier lit et 12 du second). |
Ecole | Il entre chez les Frères maristes de Saint Génis-Laval mais sera renvoyé en octobre 1887, lorsque l’on découvre qu’il « masturbe ses camarades ». |
Joseph VACHER a un frère jumeau | Son frère jumeau décède par étouffement à 1 mois. On dit que la mort de son frère jumeau, alors qu'il avait un mois, a pu avoir un lien psychologique avec ses attitudes (volonté de tuer son double, ou bien croire que son double tuait et violait, orchestrait en quelque sorte l'esprit de Joseph Vacher). |
Mère de J.V | Sa mère est très croyante, proche du mysticisme. |
Violences pendant l’enfance | Frappe fréquemment ses frères et sœurs.Torture des animaux.A très souvent des crises de démence, où il détruit durant ces crises tout ce qui est à portée de main. |
1888 | Il s’installe à Genève chez un de ses frères et lui déclare « qu’il lui prend par instant des envies de tuer : « Je suis comme possédé. Si je rencontrais quelqu’un, je crois que je ne pourrais pas m’empêcher de lui faire du mal » |
1891 | A la fin du service militaire, il demande en mariage Louise B mais cette dernière refuse. Il la blesse de quatre balles et se retourne l’arme contre lui et tire les deux derniers projectiles. Le chirurgien de l’Hôpital de Baume les Dames arrive à en extraire une seule. Il en garde une surdité complète de l’oreille droite et une paralysie du nerf facial droit. Vacher est placé à l’asile d’aliénés de Dôle en juillet pour observation et définitivement réformé de l’armée pour troubles psychiques. Joseph commence à ressentir des troubles mentaux. Il est interné à l’asile mais sera libéré un an plus tard car le médecin le considère guéri. |
1891-1892 | Interné à l’asile de DOLE, dans le Jura où il est fort peu soigné. |
L’homme
Septembre 1888 il est embauché dans une brasserie de Grenoble. Il fréquente les prostituées et contracte une maladie sexuelle. A Lyon , les médecins lui enlèvent une partie d’un de ses testicules, cette opération castratrice le traumatise
16 Novembre 1890 il est incorporé au 60e Régiment d’Infanterie de Besançon. On ne recense aucun meurtre durant son service militaire pourtant il est victime des brimades et bizutages des soldats les plus anciens. Quatrième de sa promotion à l’école des élèves caporaux, il est écarté car « inapte au commandement », selon les sergents instructeurs. Pour se rebeller et lutter contre cette injustice, il tente de se suicider. A l’infirmerie, il subit son premier examen mental. Suite à cet épisode, il devient caporal et montre une aptitude au commandement, malgré son autorité. Ses qualités ne tardent pas à le faire nommer sergent.
Août 1897 en Ardèche, Joseph Vacher est arrêté, pour « outrage aux bonnes mœurs après avoir tenté de violer une jeune femme. Il est condamné à 3 mois de prison à Belley.Il est analysé par des experts psychiatres qui ont chacun leur version.
Le Docteur BOZONNET, médecin officiel de la prison de Belley, déclare que Joseph Vacher est fou :
« Vacher est atteint de débilité mentale, d’idées fixes voisines des idées de persécution, de dégoût profond pour la vie régulière. Il présente une otite suppurée, une paralysie faciale consécutive à un coup de feu. Il affirme aussi avoir deux balles dans la tête. La responsabilité de cet individu est très notablement diminuée ».
Le Professeur LACASSAGNE « Directeur du laboratoire de criminologie de Lyon »
« Le prévenu n’est pas entaché d’un trouble mental. Il est, pour le psychiatre, responsable de ses crimes, Lacassagne juge nécessaire de le condamner à la peine capitale, peine prononcée à l’encontre des « ennemis de la Société ».
Les Docteurs REBATEL et PIERRET (experts près du Tribunal) « Joseph VACHER est sain d’esprit »
Seules ici, sont recensées les victimes reconnues comme telles par Joseph VACHER.
1884 Joseph A (10 ans) | Etranglé dans une grange à Eclose, dans la Vienne. Des témoins déclarent avoir aperçu un garçon d’une quinzaine d’années s’enfuir. C’est peut être son tout premier meurtre. |
06.1888 | il tente d’abuser de Marcellin B, un jeune valet de ferme. |
19.05. 1894 Eugénie D (21 ans) | Etranglée, égorgée, frappée, violée et mutilée, à Beaurepaire, en Isère. |
17 et 18.06. 1894 | Deux tentatives de meurtres sur des ouvrières agricoles, à Beaurepaire, en Isère. |
07.1894 | Tentative de meurtre sur un jeune garçon Près de Belley, dans l’Ain. |
20.11.1894 Louise M (13 ans) | Etranglé, égorgé, éventré et mutilée à Vidauban, dans le Var. |
12.05.1895 Adèle M (17 ans) | Etranglée, égorgée, mutilée à Etaule, au Bois de Chêne, en Côte d’Or. |
24.08.1895 Mme M (58 ans) | Etranglée, égorgée et violée à Saint-Ours, en Savoie. |
1.09.1895 Victor P (16 ans) | Egorgé, éventré, mutilé à Bénonces, dans l’Ain. |
23.09.1895 Aline A (16 ans) | Egorgée, éventrée à Truinas, dans la Drôme. |
29.09.1895 Pierre M (14 ans) | Egorgé, éventré et violé à Saint Etienne de Boulogne, en Ardèche. |
10.09.1896 Marie M (19 ans) | Etranglée, égorgée, mordue et violée à Busset, dans l’Allier. |
1.10.1896 Rosine R (14 ans) | Egorgée, éventrée et mutilée à Saint-Honorat, en Haute-Loire. |
Fin 05.1897 Claudius B (14 ans) | Egorgé, éventré, mutilé et violé à Tassin la demi Lune. Le corps a été découvert dans un puits, réduit à l’état de squelette. |
18.06.1897 Pierre L (13 ans) | Egorgé, mutilé et violé à Courzieu, dans le Rhône. |
L’enquête
En 1891, Vacher commence à mener une vie de marginal et erre de villes en villes. Il tue à plusieurs reprises au cours de son périple. Il s’est fabriqué pour dissimuler ses plaies un bonnet avec la fourrure d’un lapin.
Entre 1894 et 1897, un certain nombre de bergers et bergères qui gardent leurs troupeaux dans des zones isolées sont retrouvés assassinés. Le tueur leur a tranché la gorge avant de les violer, de les mutiler de façon barbare en leur gravant sur la poitrine avec un couteau ou un rasoir une croix sanglante. Le seul indice dont dispose la police est qu’il porte un bonnet blanc.
Le 7 octobre 1897, douze témoins soigneusement choisis par le Juge FOURQUET (chargé de l’enquête) reconnaissent Vacher comme étant le vagabond qu’ils ont vu deux années auparavant. Mais Vacher nie et profère des menaces envers les délateurs. Mais devant l’acharnement du Juge et la fatigue, il fini par tout avouer. Il rédige une lettre (adressée à la France) où il reconnaît avoir commis « tous les crimes que vous m’avez reprochés ».
Le 9 octobre 1897, Joseph VACHER accepte de répondre aux questions du juge à condition que sa lettre soit publiée dans Le Petit Journal, La Croix, Le Progrès et Lyon Républicain.
Le juge fait droit à sa requête malgré les réticences du procureur général. Vacher avoue tout sauf le meurtre d’Olympe B, le 29 septembre 1890 (crime emprunt d’une grande barbarie). Il reconnaît même être coupable des meurtres qu’il n’a pas commis (Eugénie D, le 19 mai 1894, Aline A, le 23 septembre 1895, Claudius B, fin mai 1897, et Louise M, le 20 novembre 1894).
Janvier - Août 1898. Lettres de Vacher, écrites depuis la prison Saint-Paul
Lyon, Archives municipales, 31 II 71 Fonds privé d’Edmond Locard, médecin légiste.
Correspondance de Vacher adressée de la prison Saint-Paul au professeur de médecine Alexandre Lacassagne, chargé d’examiner son état mental, janvier – août 1898.
La condamnation
« Le procès de Joseph Vacher s’ouvre le 26 octobre 1898 à Bourg en Bresse, en présence de la presse nationale mais aussi britannique et américaine. Vacher entre dans le palais de justice avec une pancarte sur laquelle on peut lire « J’ai deux balles dans la tête » et en chantant « Gloire à Jésus ! Gloire à Jeanne d’Arc ! ».
Durant trois jours, il se comporte comme un idiot, étonnant, émouvant, terrifiant. Il a des crises de rage, bave et menace. Son avocat attaque l’acte d’accusation, conteste les expertises et la légalité des débats, se bat contre l’indifférence des jurés. Le sort de Vacher est déjà jeté. Il est reconnu coupable de meurtres avec préméditation, sans aucune circonstance atténuante, à l’unanimité des douze jurés. »
Les paroles de Joseph VACHER
« Je suis un pauvre malade innocent, dont Dieu a voulu se servir pour faire réfléchir le monde, dans un but que nul humain n’a le droit de sonder »
« Il y a des moments où je n’étais pas maître de moi, et où je courrais comme un fou à travers le monde, droit devant moi, me guidant sur le soleil, et ne sachant où j’ai erré. Ce n’est pas ma faute si on m’a empoisonné le sang »
« A chaque fois, je suis pris d’une espèce de fièvre, d’un tremblement nerveux, je ne veux pas tuer, ni violer, mais il faut que je le fasse »
Automne 1898 : La cour d’assises de Bourg en Bresse le condamne à mort.
31 décembre 1898 : Il est guillotiné par le bourreau Louis DEIBLER
« J’embrasserai Jésus Christ tout à l’heure. Vous croyez expier les fautes de la France en me faisant mourir. Cela ne suffira pas, vous commettrez un crime de plus. Je suis la grande victime de cette fin de siècle » : confession de Joseph Vacher au prêtre avant de monter sur la guillotine.
Le film Le Juge et l'Assassin réalisé par Bertrand Tavernier en 1976 est basé sur cette affaire.
C'est Michel Galabru qui y interprète le rôle de l'assassin (renommé Joseph Bouvier) tandis que Philippe Noiret est le juge.
Son Bourreau « Louis DEIBLER (né 12.02.1823 à Dijon et décédé le 06 septembre 1904 à Paris )
Louis le Fils è Bourreau de Joseph VACHER
Louis, jeune homme robuste mais boiteux, a très tôt commencé à assister son père. Il a également, pendant qu'il vivait à St-Flour, appris la menuiserie. Mais la vocation exécutrice est plus importante :
Il quitte la France et devient aide à Alger en 1853 avant d'épouser la fille de son patron, Zoé Rasseneux, le 6 novembre 1858. Deux enfants, Berthe-Hélène en 1861 et Anatole en 1863 agrandiront la famille (les trois enfants suivants ne survécurent pas). Louis est nommé à la place de son père à Rennes en 1863, puis devient aide à Paris le 24 juillet 1871, sa candidature ayant été retenue grâce à son expérience et à son attitude sans taches.
Après avoir officié sous les ordres de Jean-François Heidenreich, puis de Nicolas Roch (dont il est premier adjoint), Louis devient exécuteur en chef le 15 mai 1879, et il exécute son premier condamné (le parricide Laprade à Agen) à peine quatre jours après. On remarque son extrême lenteur, qui contraste énormément avec la rapidité brusque de Nicolas Roch.
Durant sa carrière, il exécutera entre autres, les anarchistes Ravachol, Vaillant, Henry et Caserio. En 1890, il accueille au sein de l'équipe son fils Anatole.
En 1897, un incident se produit. La maladresse d'un aide fait que Louis est aspergé de sang. Dès l'exécution suivante, Louis Deibler demande de l'eau pour nettoyer le sang dont il est recouvert. Cette fois, il s'agit d'une hallucination. Louis Deibler vient de subir sa première crise d'hématophobie, et celles-ci vont en s'accentuant. De plus en plus mal à l'aise, il remet sa démission le 28 décembre 1898, mais on n'arrête pas l'administration comme cela, et Louis sera forcé d'aller décapiter Joseph Vacher à Bourg-en-Bresse le 31 décembre 1898. Sa démission devient effective le 2 janvier suivant. Installé chez son fils Anatole, devenu son successeur, il meurt le 6 septembre 1904, et est inhumé au cimetière de Boulogne.
C’est d’ailleurs son fils Anatole qui exécutera LANDRU.